Performance de l'année 2025
Premier trimestre 2025
Les résultats du premier trimestre 2025 affichent un repli de –17,17 % pour la Classe A.
Ce début d’année, marqué par une volatilité extrême sur l’ensemble des marchés mondiaux, confirme la nécessité des ajustements engagés ces derniers mois.
Comme évoqué dans notre précédente lettre, nous avons mis en place de nouveaux filtres de marché au début du mois de janvier. Ces derniers se sont activés dès les premières semaines de la correction de grande ampleur qui continue d’affecter les marchés actions, notamment aux États-Unis. Cette correction ne laisse pour ainsi dire aucun actif financier épargné.
Ces filtres, conçus pour détecter des phases d’anomalies statistiques dans la dynamique des marchés, ont mécaniquement réduit notre exposition. Si cette absence relative de présence sur les marchés pèse temporairement sur nos performances, elle permet avant tout de protéger le capital lors des phases prolongées de désorganisation des marchés, et d’offrir mécaniquement de nouvelles opportunités lors des retours à la normale. Cette période d’attentisme nous a également permis d’explorer d’autres pistes, notamment l’utilisation d’algorithmes de type LTR pour la création des portefeuilles et la recherche de stratégies spécifiques sur le contrat future de l’indice VIX dont les variations s’annoncent particulièrement vives dans les trimestres à venir.
Etat Unis
Nous nous abstiendrons de toute surinterprétation ou lecture dramatique des récents événements économiques. Contrairement à certaines analyses alarmistes, l’administration Trump semble suivre une feuille de route cohérente : celle de réduire le coût de financement des États-Unis dans un contexte de refinancement massif (près de 7 000 milliards USD à refinancer en 2025).
En janvier, le taux des obligations souveraines américaines à 10 ans atteignait 4,89 %. À fin mars, il est repassé sous les 4 %, revenant à des niveaux observés en octobre 2024. Cette baisse n’est pas anodine : elle s’explique en partie par la volonté de faire baisser les marchés actions afin de favoriser un rééquilibrage vers les obligations, augmentant ainsi la demande sur la dette américaine et réduisant son rendement.
Dans cette optique de vouloir baisser les taux, l’administration Trump pousse à une intervention rapide de la Réserve fédérale. Des déclarations répétées sur la nécessité de taux directeurs plus bas créent une pression politique croissante sur la Fed, qui pourrait, sous l’effet d’une correction prolongée des marchés, intervenir plus tôt que prévu. Une telle baisse des taux accentuerait encore la détente observée sur les taux longs.
Par ailleurs, les États-Unis continuent de faire face à des déficits jumeaux : budgétaire et commercial. Pour répondre à ce dernier, l’administration cherche à rééquilibrer ses relations commerciales via des « deals » bilatéraux. Certains pays proposent déjà des accords de libre-échange ciblés, tandis que la Chine s’est dite prête à s’engager dans un bras de fer pour une longue période.
Union-européenne
L’Union européenne demeure en proie à une série de difficultés structurelles qui fragilisent sa dynamique économique. Quatre éléments majeurs illustrent cette situation :
- Le modèle économique allemand — reposant sur des importations énergétiques bon marché (notamment le gaz russe) et des exportations industrielles de grande ampleur — est désormais remis en question.
- L’Europe ne peut plus s’appuyer sur la garantie militaire des États-Unis, obligeant certains pays à repenser leur stratégie de défense.
- La croissance reste atone, avec des gains de productivité inexistants, tandis que les perspectives démographiques sont préoccupantes.
- Le vieillissement de la population accroît le stock d’épargne mais pèse sur la dynamique de production et de consommation.
L’annonce par l’Allemagne d’un vaste plan de réarmement (900 milliards d’euros sur 10 ans) marque un tournant historique, brisant deux tabous : celui de l’endettement et celui de la puissance militaire. Cet effort, bien que massif, devrait être absorbé sans difficulté grâce à l’excès d’épargne domestique.
À l’inverse, la France ne dispose ni de la même marge budgétaire, ni de la même crédibilité sur les marchés pour engager un plan similaire. Ce différentiel pourrait engendrer une hausse des taux français, les investisseurs se tournant de nouveau vers les obligations allemandes redevenues plus disponibles, au détriment de la dette française.
Enfin, l’Europe reste divisée sur la réponse à apporter à l’augmentation des droits de douane américains. Si certains dirigeants prônent la négociation, d’autres envisagent des mesures de rétorsion ciblant notamment les géants technologiques américains (GAFAM), faisant planer le spectre d’une escalade commerciale.
Chine
La Chine poursuit sa stratégie d’ajustement économique dans un contexte de forte incertitude. Le gouvernement s’est fortement appuyé sur les entreprises publiques, bénéficiaires des injections de liquidité massives opérées par la Banque centrale chinoise.
Ces mesures ont permis une stabilisation partielle de l’activité au premier trimestre, bien que le taux de croissance soit légèrement inférieur à celui du quatrième trimestre 2024. Le secteur immobilier reste le talon d’Achille de l’économie chinoise, avec des ventes au plus bas et des tentatives toujours plus inventives pour stimuler la demande, parfois relayées dans la presse locale avec un certain humour.
Sur le front extérieur, Pékin a réagi fermement aux dernières mesures protectionnistes américaines. En réponse à la hausse des droits de douane américains sur les produits chinois, la Chine a instauré des tarifs douaniers de 125 % sur certaines catégories de biens importés. Ce bras de fer commercial pourrait impacter plus durablement les échanges mondiaux au cours des prochains trimestres.
Deuxième trimestre 2025
Le deuxième trimestre 2025 s’est achevé sur une performance de +1,72 % pour la Classe A. Ce léger rebond s’inscrit dans un contexte de stabilité apparente des marchés, mais ne doit pas masquer le climat de guerre économique engagé par l’administration Trump à l’égard de l’ensemble de ses partenaires commerciaux.
Depuis le mois de février, nous avons volontairement suspendu la majeure partie de notre activité de trading. Cette décision, motivée par la volonté de préserver le capital dans un environnement de marché profondément instable, a été mise à profit pour ajuster notre approche.
Ce qui suit en expose les principaux axes techniques :
L’échantillonnage, qui définit l’objet même de l’étude statistique des séries temporelles, présuppose, tant pour des raisons pratiques que par facilité conventionnelle, que certains points sont particuliers (les échantillons) et qu’ils méritent une attention qui ne doit pas (ou ne peut pas) être accordée aux autres. Or, cela ne correspond ni à une réalité physique ni à une réalité métier. Aux prix d’importants efforts théoriques et de développement, nous avons défini une façon différente d’appréhender les séries temporelles en considérant chaque point comme l’origine d’un échantillonnage s’étendant vers le passé. Ce changement de paradigme permet d’augmenter considérablement le nombre d’échantillons et, par la même, la stabilité statistique de nos analyses.
Nous avons également innové sur la généralisation de la méthode d’optimisation en marche avant (WFO), en définissant une approche permettant d’éviter d’avoir à fixer la taille de l’out-of-sample. Cette avancée nous a permis de remplacer les tests statistiques classiques, de type White Reality Check, que nous utilisions à l’étape de validation des stratégies par une méthode propriétaire plus robuste.
Au final, notre objectif est de revenir dans le marché avec des stratégies toujours performantes mais beaucoup plus stables lorsque l’environnement serait de nouveau propice.
Ce travail de fond s’inscrit dans un contexte macroéconomique en pleine mutation, où les tensions commerciales et les ajustements géopolitiques redessinent en profondeur les dynamiques de marché. C’est dans ce cadre que nous proposons ci-après notre lecture des principales évolutions économiques aux États-Unis, en Europe et en Chine.
Etat Unis
L’administration Trump poursuit sa stratégie économique agressive, centrée sur un relèvement massif des barrières douanières. Depuis le début de l’année, les droits de douane sur les produits chinois ont été portés à près de 35 %, contre 11 % en janvier, et des hausses ciblées frappent désormais de nombreux secteurs (automobile, électronique, pharmacie, métaux, etc.). Si cette politique vise officiellement à réindustrialiser les États-Unis et à rapatrier les chaînes de valeur, ses effets immédiats sont ceux d’un choc négatif sur le commerce mondial.
La croissance du commerce international ralentit fortement : de 2,9 % en 2024, elle est attendue à 1,1 % en 2025 selon le FMI, voire en léger recul d’après les dernières estimations de l’OMC. Ce ralentissement pèse sur la demande globale, en particulier aux États-Unis où les échanges devraient reculer de plus de 10 % cette année. Les pays asiatiques et l’Amérique latine (hors Mexique) sont diversement exposés, mais les effets directs comme indirects de cette politique tarifaire se propagent à l’ensemble des économies ouvertes. À court terme, le risque d’un découplage durable entre les États-Unis et une partie de ses partenaires devient tangible.
Union-européenne
L’Europe subit les conséquences collatérales de la guerre commerciale américano-chinoise. Les pays d’Europe centrale, fortement tournés vers l’exportation – notamment dans le secteur automobile – sont directement affectés par la montée des droits de douane américains, mais surtout par le ralentissement des exportations allemandes. La dépendance à l’égard du moteur industriel allemand rend les économies comme la Slovaquie, la République tchèque ou la Hongrie particulièrement vulnérables.
À plus long terme, l’Europe pourrait néanmoins tirer parti de la réorganisation des chaînes de valeur mondiales. La Chine cherche à investir dans des zones géographiques offrant une stabilité politique, une infrastructure logistique de qualité et une proximité stratégique avec les marchés finaux. L’Europe centrale, avec une main-d’œuvre qualifiée, des fiscalités compétitives et un accès au marché unique européen, a vu les investissements chinois croître fortement ces dernières années – la Hongrie en tête.
Face à l’intensification de la concurrence chinoise sur les marchés européens, la Commission a introduit en avril un mécanisme de surveillance des importations, en accord avec Pékin. Cette coopération prudente vise à éviter une vague protectionniste européenne, tout en renforçant le contrôle des flux commerciaux sensibles.
Chine
Confrontée à une hausse brutale des droits de douane américains et à une chute attendue de 20 % de ses exportations vers les États-Unis, la Chine intensifie sa stratégie de diversification géographique. Dès le printemps, les exportateurs chinois ont commencé à rediriger leurs flux vers d’autres marchés, parfois via des pays tiers, afin de contourner les barrières tarifaires. Cette dynamique contribue à accentuer la concurrence sur les marchés domestiques et régionaux des pays émergents, en particulier en Asie du Sud-Est.
En parallèle, Pékin poursuit sa montée en gamme industrielle. Si certains pays subissent les effets négatifs de cette compétition renforcée, d’autres bénéficient indirectement d’une hausse des exportations chinoises de biens intermédiaires – contribuant à leur montée en compétence industrielle. La Chine cherche également à approfondir ses liens avec des régions moins exposées aux tensions avec Washington. L’Amérique latine, avec ses ressources naturelles abondantes, attire de plus en plus d’investissements chinois, notamment dans les secteurs agricoles et miniers.
Toutefois, les perspectives d’accès au marché chinois restent limitées pour les économies européennes et asiatiques exportant des biens manufacturés. La stratégie de Pékin visant l’autosuffisance industrielle limite les opportunités d’importations, malgré des efforts affichés pour stimuler la consommation privée.